Nous
le trouvons à l’entrée de Juigné-Béné,
juste avant le pont. Tout le monde s’active entre les fourneaux
et la préparation de la table, avec la vaisselle du bord, belles
assiettes et verres à pied.
Au
menu : canard à l’orange, pour rester dans la note, gâteau
d’anniversaire, et Saint-Emilion 98. Après tout, c’est
un week-end de fête, et il faut maintenir le standing. C’est
vrai que sur un bateau comme le Rive 40, on se sent un peu privilégié…
Nous fermons bientôt les rideaux, et tout l’équipage
rejoint sa cabine, Bien chauffée grâce au système
d’air pulsé du bateau. Les lits sont larges et confortables,
et nous dormons dans de vrais draps. Le luxe, vous dis-je !
Pas
un moustique ! J’en suis le premier surpris, car je sais depuis
longtemps qu’ils font des détours de plusieurs kilomètres
pour venir me déguster.
Au petit jour, le bateau s’ébroue doucement, au son des
pêcheurs qui ont envahi les quais. Petit-déjeuner et douche
chaude, avec la vue au ras de l’eau sur la Mayenne et les cols-verts
pour qui c’est aussi l’heure de se restaurer.
Lorsque
tout le monde est prêt, on fait chauffer le diesel quelques instants,
et en route vers Angers.
Après l’écluse
de Montreuil-Belfroy, nous arrivons en vue de Cantenay-Epinard, une
jolie petite cité dont l’église domine la Mayenne
et se reflète dans les eaux calmes. La seconde partie du patronyme
vient du mot « espinats » (épines) et non de la salade
qui rendit Popeye célèbre.
Nous
poursuivons jusqu’au confluent avec la Vieille Maine, et décidons
de piquer droit sur Angers. Nous emprunterons ce bras de rivière
au retour. Il faut savoir que « Maine » est une contraction
de Mayenne. La Vieille Maine, donc, est issue de la Sarthe, et forme
l’un des bras du triangle constitué par l’île
Saint Aubin, que nous allons contourner.
Au beau milieu du trajet qui nous sépare maintenant de la capitale
du Roi René, un bac : une corde traverse la rivière, et
il faut corner pour que le passeur abaisse le filin et libère
le passage. C’est l’ancêtre du pont, et l’Histoire
qui s’en dégage me ramène tout naturellement aux
romans de mon enfance, et à la mythologie. C’est l’un
des deux bacs (l’autre est sur la Sarthe) qui relient les prairies
de l’île Saint-Aubin à la terre ferme